Le conflit Ukraino-Russe a des répercussions très préoccupantes quant aux prix de l’énergie et du gaz en particulier.
C’est à ce titre que l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a donné ses préconisations en faisant part d’une analyse en 10 points dans le but de réduire la dépendance de l’Union Européenne de plus d’un tiers à l’énergie venant de Russie.
C’est dans ce contexte que la Commission Européenne accueille de manière très positive qu’elle qualifie de « très opportune et précieuse » l’initiative de AIE alors même que la volonté de Bruxelles était d’aller plus loin en proposant des actions visant à ce que « l’Europe devienne indépendante du gaz russe le plus rapidement possible. » comme l’indique Monsieur Kadri Simon en qualité de Commissaire Européen à l’Energie.
En finir avec la dépendance européenne a l’égard du gaz russe
Selon le directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol « Personne ne se fait plus d’illusions. L’utilisation par la Russie de ses ressources en gaz naturel comme une arme économique et politique montre que l’Europe doit agir rapidement pour être prête à faire face à une incertitude considérable sur les approvisionnements en gaz russe l’hiver prochain »
Ce dernier n’hésite pas à ajouter que L’Europe doit rapidement réduire le rôle dominant de la Russie sur ses marchés de l’énergie et développer les alternatives aussi vite que possible. »
Plus concrètement et pour poser des chiffres précis sur la dépendance européenne vis-à-vis de la Russie en termes d’énergie gazière, il convient de mentionner qu’en 2021, ce ne sont pas moins de 155 milliards de mètres cubes de gaz naturel russe que l’Union Européenne a importé. Cela équivaut à 45% des importations de gaz de l’UE et pas moins de 40% de sa consommation totale.
Pour ces raisons et au vu de la conjoncture, l’AIE planche sur des actions concrètes qui seraient en adéquation avec les ambitions environnementales européennes.
Et la définition de ces axes permettrait de donner plus de place à une politique qui aurait pour but de réduire les émissions de CO2 dans les années qui viennent.
Les 10 mesures à privilégier selon l’AIE
L’objectif clairement affiché à travers les 10 mesures qui suivent est de réduire de plus de 30% les importations de gaz russe soit plus de 50 milliard de mètres cubes en moins.
1. Ne pas signer de nouveaux contrats de fourniture de gaz avec la Russie ;
2. Remplacer les approvisionnements russes par du gaz provenant d’autres producteurs, comme l’Algérie, l’Azerbaïdjan, les Etats-Unis ou le Qatar ;
3. Introduire des obligations minimales de stockage de gaz. Cela permettrait d’améliorer la résilience du système gazier d’ici l’hiver prochain ;
4. Accélérer le déploiement de nouveaux projets éoliens et solaires, pour réduire la consommation de gaz de 6 milliards de mètres cubes en un an ;
5. Maximiser la production d’électricité à partir de la bioénergie et du nucléaire et ainsi abaisser la consommation de gaz de 13 milliards de mètres cubes en un an ;
6. Adopter des mesures fiscales à court terme sur les bénéfices exceptionnels des énergéticiens afin de protéger les consommateurs d’électricité vulnérables contre les prix élevés ;
7. Accélérer le remplacement des chaudières à gaz par des pompes à chaleur. Objectif : la réduction de la consommation de gaz de 2 milliards de mètres cubes supplémentaires en un an ;
8. Accélérer les améliorations de l’efficacité énergétique dans les bâtiments et l’industrie. Objectif : la réduction de la consommation de gaz de près de 2 milliards de mètres cubes en un an ;
9. Encourager les consommateurs à réduire temporairement leur thermostat de 1 °C. Objectif : la réduction de la consommation de gaz de quelque 10 milliards de mètres cubes en un an ;
10. Intensifier les efforts pour diversifier et décarboner les sources de flexibilité du système électrique. Il s’agit de décorréler sécurité électrique de l’Europe et approvisionnement en gaz.
D’autres pistes évoquées, mais non conformes à la politique de neutralité carbone
L’AIE a aussi ouvert la porte à des solutions alternatives afin que l’UE réduise de manière encore plus rapide sa dépendance à la Russie en termes d’approvisionnement en gaz. Néanmoins ces propositions font apparaître des objections de taille en lien avec la neutralité carbone du modèle proposé.
« La principale option à court terme consisterait à abandonner la consommation de gaz dans le secteur de l’électricité en recourant davantage au parc européen de centrales au charbon ou en utilisant des combustibles de substitution, comme le pétrole, dans les centrales au gaz existantes ».
Toujours selon l’AIE, si l’Europe avait recours à ces mesures en addition des 10 points mentionnés ci-dessus, elle pourrait réduire sa consommation de gaz russe à hauteur de 80 milliards de mètres cubes, soit plus de 50%. Cela entraînerait selon l’Agence une baisse modeste des émissions globales.
Au-delà du fait que ces propositions ne sont pas en adéquation avec le Green Deal, leur coût est extrêmement élevé !