La chronologie d’une crise qui nous touche de plein fouet.
Depuis le printemps de 2022, nous observons que la « poursuite de la crise mondiale » faisant suite à au conflit opposant la Russie à l’Ukraine engendre des répercussions sur les cours du gaz qui ont augmenté de manière continue jusqu’à atteindre, à la fin de l’été 2022 un pic qui s’est traduit par une « peur de la pénurie ».
Cette peur de manquer de gaz a justifié une augmentation du prix du gaz inconsidérée !
Pour preuve, en 2023, le prix du gaz à atteint les 300€ du MWh.
À la fin de l’année 2022, et au passage à l’année 2023, nous amorçons une troisième étape qui marque le fait que l’on constate le niveau encore correct de nos réserves de gaz, du moins pour le moment.
Au-delà de ces tendances, cette crise qui éclate semble marquer le début d’une ère nouvelle.
Comment l’UE a fait pour traverser cette crise.
Si nous remontons à 2021, nous constatons – factuellement – que l’UE procédait à l’acquisition de près de 40% de son gaz naturel auprès de la Russie, plus de 25% aux pays situés autour de la mer du Nord, le reste étant approvisionné par bateau via le Gaz Naturel Liquéfié aussi appelé GNL.
Au premier trimestre 2023, le gaz provenant de Russie ne représente plus que 8%, celui de la mer du nord occupe une part plus importante avec près de 37% et c’est le GNL qui représente désormais une part majoritaire avec plus de 40% du gaz importé en Europe !
Comment l’UE a-t-elle fait pour avoir accès à autant de GNL ?
Il convient tout d’abord de constater qu’entre 2021 et 2022, les importations de GNL par l’UE ont augmenté de 600 TWh (Terawatt Heure) ce qui est considérable.
Dans le même temps, la hausse totale des exportations, n’a elle augmenté que de 230 TWh.
Cela signifie, tout simplement, que ce sont les autres pays non Européens qui ont vu leurs imports diminuer ! Nous parlons notamment des nouvelles puissances mondiales telles que le Brésil, l’Inde, la Chine, le Japon… Etc.
L’Europe a donc capté une très grande partie du GNL à l’échelle planétaire. Cela n’a pas été sans conséquence, puisque cela a occasionné des pénuries voir des « Black-out » dans des pays comme le Pakistan qui ne possèdent pas un réseau de transport et qui importe son gaz via du GNL.
Source de nombreuses convoitises, il est fort à parier que les enjeux d’approvisionnement de GNL dépassent les zones géographiques si le facteur « prix d’achat » arrive sur la table avec des pays plus enclins à payer des sommes élevées. Le jeu des enchères sera probablement au cœur des approvisionnements futurs !
Si nous analysons cela de manière économique, nous pouvons constater que l’Europe a pu profiter d’une croissance asiatique que nous pourrions qualifier de morose. Cela signifie que si la croissance chinoise reprend, les besoins en gaz seront plus importants et la concurrence financière plus grande pour accéder à cette ressource.
La sobriété gazière de l’Europe en 2022 !
Entre la période 2019-2021 et l’année 2022, nous constatons que la consommation annuelle de gaz de l’UE a baissé de 12% en moyenne soit :
- – 1% pour la production d’électricité
- – 20% pour l’industrie
- – 13% pour les ménages
Cela représente une baisse de la consommation de gaz de près de 490 TWh à l’échelle continentale. À titre d’information, cela est supérieur à la consommation totale de gaz en France sur une année.
Néanmoins, il faut tenir compte de ce que l’on pourrait appeler « un petit effet climat » qui se traduit pour les ménages et surtout, un « effet prix » qui a joué pour l’industrie. Autrement dit, c’est à cause du prix élevé de l’électricité que l’Europe a pu entrer dans la sobriété énergétique de manière si importante.
L’Europe n’est-elle donc pas condamnée dans les années à venir à payer son gaz à prix fort pour avoir accès à cette ressource via le GNL et enfin pour continuer à surfer sur la vague de la sobriété gazière ?