La démission historique du gouvernement de Michel Barnier, survenue le 4 décembre 2024, provoque un séisme dans le secteur énergétique français. Les professionnels se retrouvent désormais plongés dans une période d’incertitude profonde, incertitude qui touche particulièrement les projets de transition énergétique en cours, ainsi que les mesures tarifaires prévues pour 2025.
Cette situation exceptionnelle met temporairement en suspens plusieurs dossiers stratégiques cruciaux, tels que la programmation pluriannuelle de l’énergie, qui définit les objectifs à long terme en matière de production et de consommation d’énergie, ainsi que les décisions concernant les taxes sur l’électricité.
Le manque de visibilité sur ces mesures essentielles suscite des inquiétudes, notamment en ce qui concerne la stabilité des investissements et l’orientation future de la politique énergétique du pays.
Les acteurs du secteur se trouvent ainsi dans l’attente de clarifications sur les priorités gouvernementales à venir, sachant que ces décisions auront un impact déterminant sur la compétitivité et la transition énergétique de la France dans les années à venir.
Instabilité et incertitudes
La programmation pluriannuelle de l’énergie, pierre angulaire de la stratégie énergétique à long terme de la France, est actuellement paralysée, ce qui pourrait avoir des conséquences importantes pour les entreprises. Ce blocage administratif et politique entraîne une incertitude qui perturbe profondément les plans de transition énergétique et de décarbonation à l’échelle nationale.
Dans ce contexte exceptionnel, le marché professionnel s’adapte tant bien que mal à cette situation inédite. Les fournisseurs d’énergie, dans l’attente de nouvelles directives et de la clarification des mesures gouvernementales, reportent leurs offres tarifaires, rendant les prévisions budgétaires des entreprises particulièrement complexes.
Parallèlement, de nombreux investissements dans des projets de décarbonation, considérés comme essentiels pour atteindre les objectifs climatiques, sont suspendus, ce qui ralentit les progrès vers une économie plus verte.
Face à cette incertitude, nos analystes conseillent vivement aux professionnels de sécuriser leurs contrats d’approvisionnement énergétique existants et d’anticiper une possible volatilité des prix de l’énergie. Cette période transitoire impose une vigilance accrue en matière de gestion des risques énergétiques, notamment en ce qui concerne les conditions d’approvisionnement. Les entreprises doivent être particulièrement attentives aux fluctuations des prix de l’énergie et aux éventuelles modifications des conditions contractuelles afin de maintenir leur compétitivité et de protéger leur rentabilité face à un environnement énergétique instable.
Impact des mesures tarifaires 2024-2025 : hausse des taxes et de l’électricité en 2025
La reconduction du budget 2024 pour le début de l’année 2025 provoque des changements significatifs pour les professionnels. En l’absence de nouveaux ajustements budgétaires, les taxes sur l’électricité, qui avaient été prévues à 37€/MWh, reviennent à leur niveau de 2024, soit 21€/MWh, offrant une réduction immédiate pour les entreprises.
Cette situation crée une opportunité à court terme pour les entreprises, car les prix de l’électricité pourraient enregistrer une baisse de 14 % dès février 2025, grâce à la chute des prix observée sur les marchés de gros. Cette évolution pourrait alléger la pression sur les coûts énergétiques et offrir une marge de manœuvre bienvenue aux entreprises, en particulier aux PME et aux industries
Cependant, cette amélioration temporaire pourrait être suivie d’une instabilité tarifaire au second semestre 2025, en raison de l’incertitude politique et économique. Il est donc crucial pour les entreprises d’anticiper ces fluctuations et de procéder à une analyse approfondie de leurs contrats d’approvisionnement. Dans ce contexte volatile, un suivi attentif des conditions tarifaires et une gestion proactive des risques énergétiques seront essentielles pour sécuriser les coûts à long terme et éviter des surcoûts imprévus.
Baisse de l’électricité : quel est le bilan de l’engagement ?
La démission du gouvernement bouleverse la promesse de réduction tarifaire annoncée par Michel Barnier. Les tendances actuelles des marchés suggèrent une baisse naturelle des prix, en raison de la diminution des prix sur les marchés de gros.
Les acteurs du secteur énergétique restent cependant prudents quant à l’ampleur réelle de ces baisses à venir. Le retour des taxes au niveau de 2024 constitue une solution temporaire de sécurité pour les professionnels.
Le manque de gouvernement génère un flou juridique concernant l’application des nouveaux tarifs réglementés, dont l’entrée en vigueur est prévue pour février 2025. Les entreprises du secteur réclament une clarification urgente du cadre législatif afin de mieux se préparer aux évolutions à venir.
Dossiers énergétiques en attente : point de situation
La rénovation énergétique des bâtiments professionnels subit un retard important, en raison du gel des subventions initialement prévues pour 2025. Les entreprises du secteur tertiaire voient leurs initiatives d’efficacité énergétique sérieusement entravées, en l’absence de clarté sur les aides financières à venir.
Un autre obstacle majeur réside dans la mise en place des bornes de recharge pour véhicules électriques. Le plan national de déploiement est actuellement suspendu, ce qui freine la transition vers une mobilité verte, en particulier pour les flottes d’entreprises.
Les projets d’autoconsommation collective, qui promettent une gestion énergétique plus autonome, attendent toujours un cadre juridique définitif. Ce retard a des conséquences directes sur les zones d’activités commerciales, qui avaient prévu de passer à l’autonomie énergétique, et compromet ainsi leur transition vers des solutions plus durables.
Transition écologique : des projets en péril
La stagnation des grands projets industriels touche particulièrement le secteur énergétique. Les initiatives de modernisation des infrastructures de production d’électricité verte sont au point mort, tandis que les investissements dans les réseaux intelligents sont suspendus.
Les entreprises du secteur de la méthanisation voient leurs opportunités de croissance se réduire. En l’absence d’un cadre législatif clair, le développement de nouvelles unités de production de biogaz est à l’arrêt.
Le plan pour l’hydrogène vert n’échappe pas aux conséquences de cette crise politique. Les industriels, qui avaient prévu l’installation d’électrolyseurs, sont contraints de revoir leurs échéances, confrontés aux incertitudes budgétaires pour 2025.