Selon Engie, la demande d’électricité en Europe devrait amorcer une reprise progressive dès cette année, marquant la fin d’un cycle de trois années consécutives de baisse. Cette reprise, encore modérée à court terme, s’inscrit dans une dynamique plus ambitieuse à l’horizon 2030, où une accélération significative est attendue.
Ce rebond traduit non seulement une reprise économique post-crise, mais également une intensification des besoins énergétiques liée à la transition écologique et à l’électrification croissante des usages. Les secteurs de la mobilité électrique, des industries décarbonées et des infrastructures numériques sont identifiés comme des moteurs clés de cette augmentation. Engie souligne que cette évolution représente à la fois une opportunité et un défi pour répondre à une demande toujours plus flexible et durable.
L’augmentation de la consommation d’électricité est pour bientôt!
Dans son rapport annuel sur les trajectoires de décarbonation en Europe, Engie dévoile une projection ambitieuse pour la consommation électrique. Après une baisse marquée de 6 % entre 2021 et 2023, la tendance s’inverse avec une reprise attendue dès cette année : une hausse modérée de 1 % est prévue, suivie d’une accélération plus soutenue entre 2 et 3 % par an à partir de la seconde moitié de la décennie.
Cette croissance est portée par des transformations majeures. L’électrification des transports, avec l’essor des véhicules électriques et des infrastructures de recharge, joue un rôle central, tout comme l’expansion rapide du secteur numérique, alimentée par le développement des centres de données et des technologies connectées. Ces nouveaux usages, couplés aux exigences de la transition énergétique, devraient propulser la demande d’électricité tout en redéfinissant les priorités du secteur énergétique.
Engie met également en lumière les enjeux cruciaux liés à cette montée en puissance : garantir une production durable, renforcer la flexibilité des réseaux et accélérer les investissements dans les énergies renouvelables pour soutenir cette mutation sans compromettre les objectifs climatiques européens.
D’ici 2050, la demande d’électricité en Europe pourrait connaître un véritable bond en avant, doublant pour atteindre un volume impressionnant de 4 950 TWh par an. Ce chiffre, présenté dans le dernier rapport d’Engie, reflète les profondes transformations énergétiques et sociétales attendues au cours des trois prochaines décennies, notamment avec l’électrification accrue de nombreux secteurs.
Pour établir ces projections, Engie s’est appuyé sur une analyse détaillée de 15 pays européens, qui ensemble représentent plus de 85 % de la demande énergétique totale du continent. Parmi ces pays figurent des acteurs majeurs comme l’Allemagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni, mais aussi des économies en transformation rapide comme la Pologne et la Hongrie. Cette sélection permet de dresser un panorama représentatif des tendances, des enjeux et des opportunités à l’échelle européenne.
Le doublement de la consommation d’électricité s’explique principalement par la montée en puissance de la transition énergétique, avec une électrification massive des transports, des industries et des bâtiments, ainsi que par le développement continu du secteur numérique. Ce scénario met également en lumière l’ampleur des défis à relever pour répondre à cette demande tout en respectant les objectifs climatiques, en misant sur des sources d’énergie bas-carbone et une gestion optimale des infrastructures électriques.
Vers un mix électrique décarboné
Parallèlement, la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique européen connaîtra une transformation spectaculaire, passant de 41 % en 2023 à un impressionnant 85 % d’ici 2050. Cette évolution marque un tournant décisif dans la transition énergétique du continent, avec un passage majeur vers des sources d’énergie propres et durables.
Cette progression exponentielle des énergies renouvelables témoigne d’une volonté politique et industrielle forte d’accélérer la décarbonation de la production d’électricité, en investissant massivement dans des technologies comme l’éolien, le solaire et l’hydraulique. Elle s’inscrit également dans un cadre plus large de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et vise à répondre aux impératifs climatiques tout en garantissant une sécurité d’approvisionnement énergétique. Cette transition radicale vers un mix électrique vert et durable représente une des clés pour atteindre les objectifs de neutralité carbone de l’Europe à l’horizon 2050.
La flexibilité : un défi essentiel pour l’avenir énergétique
Pour atteindre les objectifs européens de neutralité carbone, le développement de solutions de flexibilité devient une nécessité incontournable. Engie plaide pour une multiplication par 4,5 des solutions permettant d’ajuster en temps réel l’offre et la demande d’électricité. Ces leviers sont essentiels non seulement pour optimiser l’utilisation des capacités de production existantes, mais aussi pour éviter la surconstruction d’infrastructures coûteuses et énergivores.
Parmi les solutions identifiées, on retrouve l’expansion d’actifs thermiques décarbonés, d’équipements hydrauliques et de systèmes de stockage par batteries connectées au réseau. Mais le pilotage de la demande se révèle tout aussi crucial : électrolyseurs pour la production d’hydrogène renouvelable, batteries domestiques, véhicules électriques, pompes à chaleur hybrides ou encore l’effacement de la production industrielle. Ces innovations permettent de mieux équilibrer les fluctuations de la consommation et de la production.
D’ici 2050, près des deux tiers des capacités de flexibilité seront ainsi issues de la demande. Cette évolution entraînera une transformation radicale du système énergétique européen, modifiant profondément non seulement les infrastructures, mais aussi les comportements des consommateurs. Le rôle de ces derniers dans la gestion de leur consommation sera essentiel pour garantir un système énergétique plus résilient, durable et adaptable face aux défis de demain.
Atteindre l’objectif européen 2030 de Fit for 55 : un défi réalisable
Pour Catherine MacGregor, directrice générale d’Engie, l’objectif européen de réduire les émissions de carbone de 55 % d’ici 2030, dans le cadre du plan Fit for 55, est à la fois réaliste et atteignable. Elle souligne que cet objectif repose principalement sur des technologies déjà matures, telles que l’énergie solaire, l’éolien et les véhicules électriques. L’enjeu majeur aujourd’hui réside dans l’accélération de leur déploiement à l’échelle européenne pour tenir ces engagements.
Cependant, elle exprime des réserves sur l’idée d’un objectif intermédiaire de réduction de 90 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2040, comme le propose Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Bien que cette proposition vise à atteindre la neutralité climatique d’ici 2050, MacGregor estime que ce n’est pas le moment de fixer un tel objectif à court terme, compte tenu des défis technologiques et industriels qui demeurent.
En effet, selon Engie, la route vers la neutralité carbone en 2050 est bien plus risquée. 70 % des technologies nécessaires, notamment pour la décarbonation des secteurs du transport maritime et aérien ou de l’industrie lourde, n’ont pas encore été testées à grande échelle. Ces technologies restent confrontées à de fortes incertitudes, qu’elles soient d’ordre industriel, économique ou réglementaire. Le chemin vers un Net Zéro reste ainsi semé d’embûches, nécessitant des efforts considérables pour surmonter ces obstacles avant de pouvoir les déployer à l’échelle industrielle.