Il est possible que l’Europe réduise sa dépendance à l’égard des combustibles fossiles dès 2040, à condition qu’elle intensifie ses investissements dans les sources d’énergie renouvelable, selon des chercheurs de l’Institut de Potsdam.
Peut-on parvenir à l’indépendance énergétique en Europe dès 2040 ? C’est la réponse donnée par les chercheurs de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact climatique. Cependant, cela dépendra de la mesure dans laquelle les moyens déployés seront adéquats.
Afin de se libérer de la dépendance aux combustibles fossiles en moins de vingt ans, l’étude commandée par Aquila Capital, l’un des principaux investisseurs privés européens dans les énergies renouvelables, met en garde contre la nécessité d’investir 2 000 milliards d’euros dans les énergies renouvelables. Elle souligne également que la souveraineté énergétique pourrait devenir une réalité dès 2030.
Afin d’atteindre ces cibles, l’Europe devra consacrer chaque année 140 milliards d’euros jusqu’en 2030, puis maintenir un investissement annuel de 100 milliards d’euros au cours de la décennie suivante. Les chercheurs soulignent de nombreux avantages potentiels, notamment la réduction des coûts de l’électricité pour les consommateurs, un renforcement de la compétitivité mondiale, ainsi qu’une réduction de la dépendance à l’égard de pays comme la Russie.
L’énergie éolienne, solaire et géothermique en guise de solution.
En 2022, seuls 38 % de l’approvisionnement électrique de l’économie européenne provenaient de sources d’énergie renouvelable. Pour parvenir à 100 %, il est essentiel d’allouer une part significative des investissements à l’énergie éolienne terrestre, en particulier dans les régions septentrionales du continent.
L’ensoleillement abondant dans le sud de l’Europe pourrait également jouer un rôle clé grâce au développement de l’énergie solaire. L’étude souligne que si les toits existants en Europe étaient équipés de panneaux solaires, environ 4 000 TWh pourraient être produits, ce qui équivaudrait à peu près à la demande énergétique totale de l’UE d’ici 2030. De plus, des investissements dans la géothermie seraient indispensables pour permettre à l’Europe de couvrir la totalité de ses besoins énergétiques avec des sources d’énergie renouvelable.
» La production d’énergie renouvelable n’est toutefois qu’une partie de la réponse « , indique le rapport, qui insiste également sur la nécessité de renforcer le réseau électrique. Il est prévu qu’une décennie supplémentaire soit requise pour effectuer la transition complète de l’ensemble du système énergétique, y compris les systèmes de chauffage au gaz ou au fioul ainsi que les moyens de transport.
« Ces montants sont considérables, mais il est important de se rappeler qu’on estime que les pays européens ont dépensé 729 milliards d’euros supplémentaires l’an dernier dans le seul but de maintenir le statu quo afin de protéger les consommateurs des effets de la crise énergétique déclenchée par l’invasion russe de l’Ukraine », souligne l’Institut de Potsdam. « Environ un tiers des coûts pourraient être couverts par la réaffectation des subventions annuelles provenant d’autres sources », affirment les chercheurs.
L’Europe s’engage.
En mars, les États membres de l’Union européenne et les eurodéputés ont convenu d’augmenter considérablement la part des énergies renouvelables dans le mélange énergétique européen d’ici 2030, la faisant passer de 22 % actuellement à 42,5 %. « Mais cela ne suffira pas à rendre le secteur de l’électricité autosuffisant d’ici à 2030, d’autant que la demande va fortement augmenter » selon les scientifiques qui plaident en faveur de mesures décisives de la part des responsables politiques.
À l’échelle mondiale, pour envisager un avenir neutre en carbone, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) préconise également des investissements massifs dans les énergies renouvelables. Selon l’agence, le monde devrait tripler sa capacité de production d’ici la fin de la décennie et augmenter de deux fois et demie les investissements dans ce secteur. Ainsi, les investissements passeraient de 1 800 milliards de dollars cette année, atteignant ainsi un record, à environ 4 500 milliards de dollars par an d’ici le début des années 2030.