Afin de repenser son futur et de sécuriser son indépendance, Free prépare sa sortie de cotation sur les marchés boursiers dans le même temps où il profite pour donner ses résultats semestriels prometteurs.
Effectivement, le 30 Juillet dernier, en marge de la réception des résultats liés au premier semestre 2021, Xavier Niel a annoncé son lancement d’Offre d’Achat Publique sur les actions du groupe Iliad, maison mère de Free.
Une forte croissance au premier semestre 2021.
Que ce soit à l’échelle nationale ou internationale où Free est implanté, les résultats sont plus qu’encourageants. En effet le groupe enregistre un nombre croissant d’abonnés fixe avec désormais plus de 6 812 000 personnes en France.
Il en est de même pour les abonnées fibre qui croissent de 247 000 sur le deuxième trimestre 2021 par rapport au premier.
Le lancement de la 5G contribue aussi à redistribuer les cartes avec un transfert de clients qui délaissent l’offre mobile à 2€ pour se reporter dans les mêmes proportions à l’offre illimitée.
Sur la scène internationale où Free est présent, la croissance est également au rendez-vous, c’est notamment le cas en Pologne et en Italie.
Cela conduit le groupe Iliad à pouvoir se targuer d’une croissance de plus de 33% au premier semestre 2021 pour des revenus de près de 3,7 milliards d’Euros et 1,4 milliards d’euros de rentabilité, le tout boostée par la cession de sites mobiles en Pologne.
Free dit au revoir à la bourse !
Dans sa volonté de disposer de marges de manœuvre plus importantes de ne plus subir la pression des marchés financiers, Free, par l’intermédiaire de Xavier Niel annonce sa décision de quitter la Bourse en réalisant une Offre Publique d’Achat Simplifiée sur les actions du groupe Iliad.
Et Free n’est pas la première société à réaliser une telle opération. En effet, de plus en plus de sociétés, notamment dans le secteur des médias et des Télécoms, ont fait le même choix.
Actionnaire à 70,6% du groupe, Xavier Niel va débourser près de 3 milliards d’euros dans le but de racheter les actions des actionnaires minoritaires et ainsi aboutir à un retrait total du marché boursier, le tout porté par une prime généreuse de 61 % sur le dernier cours.
Thomas REYNAUD, le directeur général du groupe nous explicite les raisons de ce retrait des marchés financiers : “Iliad reprend sa liberté et retrouve une indépendance stratégique à 100 %. Notre politique d’investissements très volontariste a créé une forte volatilité sur notre cours de bourse. Nous sommes aujourd’hui dans un cycle d’investissements sans précédent avec la 5G, la fibre et notre expansion à l’international. Cette stratégie s’apprécie à l’échelle d’une décennie et cela ne correspond pas nécessairement aux attentes des « investisseurs actions ». C’est une démarche cohérente. D’autres grands groupes comme Dell aux États-Unis ont fait de même par le passé”, a-t-il indiqué.
Moins de pression, plus de liberté !
Le but est simple et clairement affiché : pouvoir investir, créer de la valeur et disposer d’une marge de manœuvre illimitée sans craindre une mauvaise répartition de la valeur.
Le directeur général justifie une nouvelle fois ce choix par des décisions stratégiques correspondant au modèle économique de Free qui diffère largement de ceux des opérateurs américains et qui nécessite des investissements importants.
“Les investisseurs considèrent le marché des télécoms comme mature et attendent des opérateurs une forte génération de cash, et donc le versement de dividendes conséquents. Mais le modèle d’Iliad est différent de celui des autres opérateurs télécoms. Nous sommes toujours une valeur de croissance avec des gains de marché importants. Notre modèle repose sur l’innovation, des prix inclusifs et une très bonne couverture des territoires. Ce modèle requiert des investissements importants dans nos réseaux, ce qui a pu se traduire par des niveaux de valorisation sous pression, notamment par rapport aux opérateurs américains”.
En parlant d’investissement, le groupe de Xavier Niel a déjà investi 1 milliard d’euros en 2021 et prévoit le double d’ici la fin de l’année.
Accélérer vers l’objectif ultime.
Prendre la décision de quitter les marchés boursiers ne doit pas être assimilé à un aveu ni à une preuve d’impuissance. Et même si depuis 2013, ses 30 % de capital ne performaient plus comme dans les premières années. À 113 euros, les négociations du titre se rapportaient au même niveau que celles d’août 2012. Le 26 mai 2017 marquait la dernière performance record du groupe, avec un cours dépassant les 230 € (seuil atteint une fois en 2014, en 2015 et en 2016). Depuis, l’action a perdu 47 %.
Dans cette démarche, Xavier Niel a réaffirmé son objectif ultime de devenir « un leader des télécommunications en Europe ».
Et sans trop de surprises, « la nouvelle phase de développement d’Iliad [qui] exige des transformations rapides et des investissements significatifs » sera marquée par une accélération des investissements mettant temporairement à mal la rentabilité de la société.
Et bien souvent les sorties de bourses sont financées par de la dette, via le rachat du capital rendu possible par la participation d’investisseurs financiers. Et Xavier Niel peut s’enorgueillir de pouvoir être aidé par des entités bancaires telles que BNP Paribas, le Crédit Agricole et la Société Générale. Ces trois entités, ainsi que J.P. Morgan, forment une société nommée Holdco II. Cela permet de créer un montage à effet de levier.
Nous suivrons avec attention l’évolution de Free suite à cette initiative stratégique.